Nous l’avons attendu, espéré, nous avons rêvé de demander à un serveur fut-il masqué « un café s’il vous plait », de prendre dans notre café préféré le petit noir matinal, court, allongé, noisette, en terrasse, ombre ou soleil à nous de choisir, lire le journal tranquillement et non plus sur un coin de notre table de cuisine. Nous avons rêvé tout éveillé devant nos paquets de fête, nos cuisines en révolte, d’aller au restaurant et nous pouvons déjeuner, dîner hors de la maison. Les restaurateurs ouvrent les uns derrière les autres à leur rythme – aujourd’hui, demain, plus tard – heureux et impatients de nous revoir après deux mois et demi, heureux de rallumer les fourneaux et les étoiles. Le bonheur à portée de terrasse. Tous sont soulagés de ce retour à la presque normalité, tous vivent ces réouvertures comme une ouverture nouvelle, avec toutes les émotions qui accompagnent ce saut dans un inconnu et un monde à redéfinir. N’oublions pas notre masque, accessoire indispensable du moment, en tissus, en papier, customisé, fleuri, à pois ou bleu chirurgical, n’oublions pas les distances, adoptons avec belle humeur ces nouveaux codes pour se retrouver en terrasse, s’installer, écouter, regarder, découvrir les nouvelles cartes, redécouvrir la cuisine de nos adresses gourmandes préférées, prendre conscience que la vie est belle et mérite quelques sacrifices de liberté et de efforts responsables.
Bienvenue dans ce mois de juin, en douceur, bienvenue dans tous les restaurants, bistrots, bars, tables étoilées ou pas. Restaurateurs, bistrotiers, aubergistes, chefs de paillottes ou de tables d’altitude vous attendent, ils n’attendent que vous. Derrière les masques se devinent des sourires éclatants. Nous avons tous un défi à relever : nous retrouver dans la joie sans oublier de nous protéger les uns & les autres.
Alors A table ! Les terrasses déconfinent allègrement, débordent s’étalent au coeur des villes, sur les places et sur les trottoirs qui se couvrent de tables et de joyeux parasols de toutes les couleurs, sans bannir les mesure de distanciation. Le spectacle est dans la rue, des milliers de déconfits esquissent des pas de danse, chantonnent derrière les masques, « I’ singing in the terrace, just dancing in the street », ils peuvent enfin savourer les terrasses. Promiscuité interdite mais retrouvailles attendues et détendues. Les Français.e.s et les bars et restaurants c’est une longue histoire d’amour, ils ont été séparés brutalement mais l’histoire d’amour n’était pas terminée, juste une période de sommeil forcé, ils se retrouvent comme pour un premier rendez-vous, sourire derrière le masque, des étoiles dans les yeux et un appétit féroce de goût et de vie. Nous ne parlons pas de coup de feu mais de coup de soleil, de coup d’amour et d’amitié. Nous voilà ensemble à nouveau. Solidaires, amoureux comme au premier jour. Pour longtemps, très longtemps. Réservez, réservons vite. Aimons-nous vivants.
photo d’illustration – la terrasse déconfinée du restaurant Mori Venice Bar – chef Massimo Mori – Paris – 2, rue du 4 septembre –