Le chef est décédé hier chez lui à Auch à l’âge de 84 ans d’une longue maladie, un cancer du pancréas qui l’a rongé durant plusieurs mois. C’est tout le Sud-ouest qui va regretter un de ses plus fervents ambassadeurs.
De son allure imposante, de sa voix haute en couleur, de son béret visé sur la tête, de son allure de mousquetaire, de son éternelle bonne humeur, de sa franchise, de son esprit de famille, beaucoup d’entre nous garderont l’image d’un chef généreux avec de vraies valeurs.
Le chef a mené de nombreux combats, longtemps présent dans la direction du syndicat hôtelier l’UMIH, mais aussi toujours là quand il fallait discuter avec Ministres ou hautes autorités de l’état, jamais il ne lâchait un morceau de gras pour défendre la profession, il arrivait souvent à faire passer ses idées et convaincre ses adversaires les plus retissants.
Le gascon André Daguin était père de trois enfants Ariane, Anne et Arnaud. Ariane expatriée à New York est à la tête de la société alimentaire D’Artagnan qui livre de très nombreux chefs de cuisine en produits frais, quant à Arnaud chef de cuisine lui aussi très engagé pour nos paysans, il est connu du public pour sa collaboration hebdomadaire à France Inter.
Le Gers pleure déjà son plus bel ambassadeur, Il emporte avec lui sa richesse et sa culture culinaire du sud-ouest avec laquelle il a su faire connaître dans le monde entier Auch sa ville et Le Gers son département. Il savait parler de son territoire, de son identité et surtout de la gastronomie comme personne.
À Auch, André Daguin était très populaire, d’autant que la famille Daguin durant trois générations, a fait de L’Hôtel de France la référence gastronomique régionale, en 1997 le chef avait passé la main désirant consacrer plus de temps à sa famille et notamment à son épouse Évelyne.
Le journal local La dépêche qui a toujours suivi le parcours du chef a indiqué ce jour :
Sa recette de foie cuit au torchon l’a aussi rendu célèbre jusqu’aux Etats-Unis où il avait entraîné, en bon capitaine, la Ronde des Mousquetaires, une association réunissant les plus grands talents de la cuisine gersoise. Sous son impulsion, l’hôtel de France, qu’avait acquis son grand-père entre les deux guerres, se parera de deux étoiles au guide Michelin.
Communicant-né, fin lettré, André Daguin, qui offrait chaque dimanche sa chronique «Hauts fourneaux» aux lecteurs de La Dépêche du Gers, a écrit de beaux ouvrages, le dernier, sans doute le plus original, « Cosmologie culinaire », cosigné avec son ami l’astrophysicien Michel Cassé.
Le chef gersois restera aussi comme un des dirigeants les plus charismatiques de l’UMIH, le puissant syndicat de l’hôtellerie. Avec un tel tribun, aussi l’aise sur les plateaux télé ou au micro des « Grandes gueules » que derrière ses fourneaux, la profession remportera le combat de la TVA à 5,5 %.
Son esprit d’entreprise trouvera naturellement à s’épanouir dans ses fonctions de président de la chambre de commerce et d’industrie d’Auch… « en Gascogne » avait-il fait rajouter dans la dénomination de l’organisme consulaire. Lui qui avait tant voyagé savait que ce nom, à l’instar de celui de d’Artagnan, tenait lieu de passeport partout dans le monde. Il fut moins heureux en politique, échouant en 2001, sous les couleurs de l’UDF, à ravir la mairie d’Auch au Parti socialiste. Une péripétie dans la vie d’un homme qui, jusqu’à son dernier souffle, aura eu ce talent, si recherché, de savoir faire et de faire savoir. Chapeau bas, Monsieur Daguin. Vous méritez une place de choix au panthéon des Mousquetaires.