On constate une accentuation du phénomène depuis la médiatisation extrême des chefs, l’émergence des réseaux sociaux dans la gastronomie, et les difficultés pour recruter et constituer des équipes dans ce métier. Le chef porte souvent seul l’avenir de son entreprise, son développement, son équilibre économique, la valorisation de son nom ( ou de sa marque ), il doit mettre sa personne en avant, parfois trop de responsabilités sur les épaules d’un seul acteur.
Consacrer sa vie, certes par passion, par conviction, par ambition, donne lieu parfois à des excès d’engagement personnel que seuls les chefs peuvent comprendre, il faut être sacrément impliqué dans le système pour en intégrer les règles et les codes de la haute gastronomie, ceux sont elles qui vont dicter la route à suivre.
Garder au fil des ans l’enthousiasme qui sera le moteur pour avancer, mais aussi les pieds sur terre pour être conscient de la fragilité de la position, sont deux choses essentielles pour exister en haut de l’affiche.
La course aveugle aux médailles, aux prix, aux classements, aux étoiles peuvent fragiliser toute une carrière, une vie, si un vrai détachement à ce système n’est pas conscient. Les récompenses amènent la reconnaissance internationale et une aisance économique, mais elles ne doivent pas occulter l’humain qui doit rester au cœur du système, avec une attention toute particulière aux équipes, à la famille, aux fournisseurs, aux amis clients, c’est avec eux que doivent se construire l’équilibre. D’ailleurs depuis quelques petites années, on voit les membres des équipes mise en avant sur les réseaux sociaux, commis, chefs de partie, stagiaires ou sous-chefs … tout le monde est important, chacun est une pierre qui mène à la réussite.
La pression des médias et des critiques gastronomiques sont un carburant, mais ils ne doivent pas prendre le dessus sur le plaisir de créer, d’innover, de partager sa passion, de transmettre, de toujours faire mieux, de se surpasser.
S’améliorer jour après jour, tenir compte de ses clients au quotidien, garder une certaine éthique doivent rester les moteurs pour rester au sommet, vouloir atteindre un rêve demande des compromis mais surtout pas de compromission.
Les critiques doivent être observées et abordées sainement, mais le chef doit rester le maître de son destin, de sa maison, de son entreprise, en personnalisant sont travail il lui donne une forte identité, ne ressembler à personne d’autre lui permettra d’être unique, de créer de l’unique.
Observer, analyser, comprendre, puis appliquer permet de garder le contrôle de son destin, trop de chef perdent le sens des réalités et veulent briller au firmament des étoiles, ce qui les conduisent à faire des erreurs stratégiques et économiques qui peuvent être lourde de conséquences.
Il n’existe pas de formule magique, il faut seulement ne jamais croire que l’ont est arrivé, dans l’univers de la cuisine les choses évoluent très vite, un jour au sommet, le lendemain oublié.
L’environnement gastronomique se nourrit de compétitivité mais l’affiche doit être partagé, pas exclusive, sans quoi la chute peut-être violente, voire irrémédiable. Le succès ne doit pas empêcher de prêter attention aux autres, le talent doit servir à la communauté, de même que la réussite qui elle aussi doit être partagée, l’équilibre, il faut le puiser dans l’engagement commun, dans ses propres racines, dans son environnement affectif. Et au final il ne faut pas négliger ses proches, sa familles, ceux qui au quotidien s’efforcent d’accepter les absences et les longues heures passées en cuisine où auprès des clients.