Depuis trois ans, à chaque printemps, le Palais des Beaux-Arts de Lille invite une personnalité à revisiter ses collections. Après le duo musical electro Air en 2014, le personnage de Donald et le collectif interDuck en 2015, et Zep, le papa de Titeuf (jusqu’au 31 octobre 2016), le musée donnera, en 2017, carte blanche à Alain Passard, pour son quatrième Open Museum. Après les musiciens, les cinéastes, les comédiens, les créateurs de mode, Bruno Girveau, le conservateur du musée, à choisi d’inviter un grand chef.
Alain Passard est très inspiré, dans sa cuisine, par la peinture et les arts en général « Alain Passard est quelqu’un de très cultivé. Après, il n’est pas devenu un homme d’affaires. Lui n’a qu’un restaurant, il reste très disponible – c’est ce genre de personnalités que l’on recherche – et il est adulé par toute une jeune génération de chefs qui le considèrent comme un puriste. » confie le conservateur Bruno Girveau.
« Il a une ligne de cuisinier esthète », indique le responsable du palais des Beaux-Arts. Et, autre point fort, Alain Passard est un touche-à-tout, il sculpte, il fait des collages, il joue du saxophone (d’où le nom de son restaurant) …
Difficile, à priori, d’imaginer la composition de la carte blanche d’un chef dans un musée. Pas question en effet de faire entrer des matières organiques, végétales, toutes les matières vivantes avec lesquelles il est susceptible de travailler au quotidien, dans les collections. « C’était la première contrainte, confirme Bruno Girveau. Mais cela ne l’a pas gêné, parce qu’Alain Passard a une très grande culture des arts contemporains. » Le projet devrait tourner autour des sens sollicités par la cuisine : ceux qui s’éveillent quand on la pratique et quand on la goûte. « Il tient aussi à évoquer la question du geste. »
Il travaillera autour du feu, de l’eau, des saisons. Si le musée a prévu d’emprunter des œuvres pour parfaire la réalisation de ce quatrième Open Museum, le chef a toujours pour consigne de dialoguer avec les collections du musée. Une table dressée dans une galerie du palais, un cube blanc au milieu de l’atrium où l’on retrouverait l’atmosphère d’une cuisine (la chaleur, les bruits…), des projections de films, des œuvres personnelles (bronzes, collages…) : le chef ne manque, paraît-il, pas d’idées. Cette carte blanche serait « la plus belle proposition qu’on lui a faite depuis très longtemps».