Dans cette démarche, le chef Alain Ducasse à 61 ans et avant d’entamer la dernière décennie de sa carrière, semble tenir à se rapprocher des autres, à tenir un discours plus humaniste et social, plus dans un esprit de partage de son savoir, de transmission de valeurs et de préservation d’un patrimoine alimentaire issue d’une tradition française du » bien manger « .
Fini donc le gaspillage alimentaire que de nombreux chefs ont pu appliquer durant de longues années dans les grandes tables et les cuisines palaces parisien où seul les morceaux nobles se retrouvaient dans les assiettes. Fini les produits qui risquent de mettre en péril certaines races de poissons ou d’animaux sauvages, la cuisine doit maintenant s’occuper d’environnement.
Pas sûr que les politiques porteront l’oreille à ces messages, ils sont tellement loin de se soucier de savoir si les légumes non traités sont meilleurs que ceux produits industriellement, où si les poissons d’élevage qui sont traités aux antibiotiques sont dangereux pour notre santé.
Mais ce sont les petits ruisseaux qui feront bientôt de grandes rivières, notamment grâce à l’engagement des chefs partout dans le monde pour diffuser ce message auprès des consommateurs, il faut y croire.
Le chef monégasque dresse une « Déclaration universelle de la gastronomie humaniste » dans un livre à paraître le 22 mars, aux éditions LLL – Les Liens qui Libèrent.
La gastronomie ne se limite pas à décerner des étoiles aux chefs talentueux ni à dénicher les dernières adresses les plus tendance. Pour Alain Ducasse, « manger est un acte citoyen« . Et le chef qui a apposé son nom sur plusieurs adresses parisiennes de luxe, telles que le Meurice et le Plaza Athénée, croit dur comme fer qu’en mangeant de façon raisonnée, on peut agir dans le bon sens pour la planète. Et pour notre santé aussi.
Il y a quelques années, Alain Ducasse opérait un virage gastronomique au Plaza Athénée, privilégiant les poissons et les légumes sur la carte du restaurant. A sa réouverture en septembre 2014, le chef opte pour la naturalisé.
Depuis lors, Alain Ducasse n’a de cesse d’expliquer que la gastronomie ne convient pas seulement à l’acte de manger, mais s’inscrit bel et bien dans une « réflexion et un combat philosophique et politique », écrit dans le prologue Christian Regouby, co-auteur et délégué général au collège culinaire de France.
« L’acte de manger implique la responsabilité de tous et de chacun, à travers une grande chaîne qui va de la terre à l’assiette. Nous ne sommes pas le centre du monde. Les autres espèces vivantes – animales et végétales – sont tout aussi respectables que nous. Continuer à les détruire comme nous le faisons, c’est nous condamner, bien plus tôt que nous le croyons, à une mort certaine».
Le chef prend le temps d’expliquer ses arguments dans ce livre, s’appuyant sur plusieurs exemples d’hommes et de femmes qui font le pari d’une assiette respectueuse de la Terre. Un ouvrage qui devrait faire parler.
Alain Ducasse décidé de s’engager, propose d’amplifier, de promouvoir et de multiplier les déjà nombreuses expériences qui émergent partout dans le monde en lançant une Déclaration Universelle de la Gastronomie Humaniste des droits et des devoirs pour faire émerger une communauté planétaire des terroirs et des hommes à partir de l’acte de manger.
« Manger est un acte citoyen » – Alain Ducasse, Christian Regouby – Editions LLL – Les Liens qui Libèrent – 17,50 euros – à paraître le 22 mars