À 45 ans, Alexandre Keff jongle entre deux univers que tout semble opposer : les cockpits de Luxair, où il est pilote de ligne, et la gestion du Domaine de la Klauss, un hôtel cinq étoiles niché en Moselle, à seulement dix minutes de la frontière luxembourgeoise. Pourtant, ces deux mondes, celui des airs et celui de l’hôtellerie de luxe, sont intimement liés par la volonté d’entreprendre et de repousser les limites.
Né à Montenach, à quelques pas de l’auberge familiale gérée par ses grands-parents, puis par son père, Alexandre Keff n’était pourtant pas destiné à l’hôtellerie. Son rêve depuis l’enfance était de voler. Il se souvient : « À 4 ans, j’ai pris l’avion pour la première fois avec mes grands-parents, et depuis, je n’ai jamais voulu faire autre chose ». Ce rêve l’a mené à intégrer l’armée de l’air à 21 ans, avant de devenir pilote de ligne chez Luxair en 2003.
L’Entrepreneuriat pour Échapper au Bureau
Bien que passionné par l’aviation, Alexandre Keff a toujours voulu éviter l’administration et les bureaux. « Les pilotes peuvent être reclassés à des postes administratifs, mais je ne suis pas fait pour ça », confie-t-il. C’est cette envie d’entreprendre qui l’a poussé à chercher un projet en dehors de l’aviation. Son choix s’est finalement tourné vers un secteur qui lui était familier : l’hôtellerie. Inspiré par l’auberge familiale où il avait travaillé adolescent, Alexandre Keff a commencé à dessiner les plans de ce qui deviendrait le Domaine de la Klauss, un hôtel qu’il voulait concevoir comme une grande maison d’hôte luxueuse.
Après quatre années de difficultés financières et logistiques, le projet voit enfin le jour en janvier 2016 avec l’ouverture du Domaine en tant qu’hôtel-spa quatre étoiles. En 2020, l’établissement franchit une nouvelle étape en obtenant sa cinquième étoile.
Un Empire Familial à Montenach
Le Domaine de la Klauss n’est pas qu’une réussite personnelle, c’est aussi une aventure familiale. Alexandre Keff gère l’hôtel avec l’aide de son épouse Mathilde, qui prend le relais en son absence lorsqu’il est dans les airs. Son père, Charles, continue de tenir l’Auberge de la Klauss, et son frère, Frédéric, en est le chef cuisinier, utilisant les produits de la ferme familiale pour concocter des plats qui subliment le terroir. La famille gère également le restaurant Le Komptoir, dirigé par le cousin Lucien, formant ainsi un écosystème entrepreneurial.
La Réussite Gastronomique du Domaine de la Klauss
En parallèle de l’hôtel, le restaurant Le K, ouvert en 2017 et dirigé par le chef Benoît Potdevin, est devenu un pilier de la gastronomie locale. En 2024, il a reçu sa première étoile Michelin, une consécration que le propriétaire n’avait pas anticipée. « C’est une grande fierté. Maintenant, notre objectif est de tout faire pour la conserver », déclare Alexandre Keff. Le Domaine abrite également une cave à vins construite par la famille Keff, enrichissant l’expérience des visiteurs.
Expansion et Nouveaux Projets
L’esprit entrepreneurial d’Alexandre Keff ne s’arrête pas là. En 2024, il s’apprête à ouvrir un deuxième établissement, le Domaine de Montagne dans les Vosges, un projet qu’il décrit comme un « copié-collé » de la Klauss, mais en altitude. Parallèlement, le spa de 800 m² du Domaine de la Klauss va être considérablement agrandi pour atteindre 3.000 m² d’ici à 2027, renforçant encore l’offre de bien-être de l’établissement.
En seulement huit ans, le Domaine de la Klauss s’est imposé comme une adresse de prestige en Moselle, attirant une clientèle prestigieuse, parmi laquelle des célébrités telles que le journaliste Nelson Monfort, le chanteur Mika, et le groupe Scorpions. Mais pour Alexandre Keff, ce n’est que le début : « Nous avons encore beaucoup à réaliser, tant sur le plan hôtelier que gastronomique ».
Entre les airs et la terre, Alexandre Keff incarne cette double passion, celle de voler toujours plus haut et de bâtir des expériences exceptionnelles pour ses clients, dans un cadre familial et luxueux.
Alexandre Keff : le rêveur transgressif qui a su briser les règles pour bâtir son succès
Retour en 7 étapes sur la vie de cet homme hors normes !
1. L’enfance d’un rêveur : la genèse d’une ambition
Alexandre Keff commence son récit par un souvenir fondamental. À l’âge de 4 ans, lors d’un vol en avion avec ses grands-parents, il a la chance de visiter le cockpit. Ce moment devient déterminant : « En redescendant de cet avion, j’ai dit à mes grands-parents, un jour, moi aussi je serai pilote. » Keff raconte comment cette vision s’est enracinée en lui, malgré son parcours scolaire difficile. Un professeur lui avait même lancé : « Arrête de rêver, Keff, tu ne seras jamais pilote. » Mais, contre toute attente, cette remarque l’a renforcé dans sa détermination.
2. Échec scolaire et rebond inattendu
Son rêve de devenir pilote a failli être écrasé par un échec au bac. Cependant, c’est dans cette défaite que Keff trouve la force de persévérer. Un concours de circonstances l’amène à travailler sur le chantier de son oncle en Nouvelle-Calédonie tout en repassant son bac. « Personne n’avait eu cette idée auparavant », explique-t-il avec malice. Ce passage en contrebande dans le système scolaire est la première manifestation de son habileté à contourner les règles pour atteindre ses objectifs.
3. De pilote à entrepreneur : l’émergence d’un plan B
Diplômé en 2001, Keff devient pilote de ligne au pire moment : « Sept jours avant, deux avions terminaient leur vol dans les tours du World Trade Center. » Le secteur aérien est en crise, et les opportunités se font rares. Refusant de se résigner, il se tourne alors vers l’entrepreneuriat. Inspiré par l’auberge familiale, il décide de construire un hôtel en Moselle. « Il me fallait un plan B, un plan que j’aurais choisi », dit-il.
4. Un chantier sur la terre natale : la transgression salvatrice
Keff raconte l’épisode singulier où, après avoir échoué à financer son projet par des voies classiques, il s’allie avec son père pour extraire eux-mêmes les pierres de l’hôtel, sur le terrain familial. « Nous avons creusé notre propre carrière, littéralement. » Malgré le caractère illégal de l’opération, il justifie cette action comme un moyen de contourner des obstacles administratifs pour sauver son projet. « Si nous avions respecté les règles, je ne suis pas sûr que cet hôtel serait debout aujourd’hui. »
5. La lutte contre les banques et la ténacité récompensée
Keff expose ensuite ses démêlés avec les banques, qui refusaient de financer un hôtel-spa en Moselle, un projet jugé inviable. Sa réponse ? Utiliser toutes ses économies et emprunter à 30 % en France et 30 % au Luxembourg, défiant les restrictions financières. « Après huit mois, j’étais à sec. » C’est là qu’il réalise un acte de foi désespéré, interceptant le président d’une banque locale dans un parking de supermarché un samedi matin. Ce dernier, touché par la détermination de Keff, met son poste en jeu pour approuver le projet.
6. Le succès d’un projet contre vents et marées
En 2016, l’hôtel ouvre enfin ses portes. Depuis, il a grandi pour devenir un établissement cinq étoiles, membre des Relais & Châteaux, avec une étoile au guide Michelin. « Aujourd’hui, cet hôtel emploie une centaine de personnes et affiche 98 % de taux de remplissage », se félicite Keff. Pour lui, cette réussite est la preuve que la ténacité, l’audace, et parfois, la transgression des règles, sont les clés du succès.
7. L’appel à l’audace : le message final
Alexandre Keff conclut sa présentation avec une citation provocante : « On greffe de tout dans ce pays, sauf de couilles, par manque de donneur. » Ce clin d’œil à Jacques Chirac résume l’esprit de sa démarche : l’audace, parfois téméraire, est essentielle pour concrétiser ses rêves. Il exhorte son public à « contourner les problèmes, les obstacles, parfois même les règles, si nécessaire, afin de réaliser vos projets ».