C’est l’appel à l’aide d’un chef cuisinier pour défendre son fournisseur d’agneau en danger de disparition qui a retenu toute l’attention de l’équipe de Food&Sens.
Le chef Mathieu Garrel du restaurant Belissaire à Paris a indiqué sur son compte Facebook : » Fin d’année magique merci à toi Francois, et dire que les écologistes veulent détruire cette bergerie, jugement hallucinant 🥵🥵🥵 aidons le, 20 ans de dur travail !!! Agneau de près salés en danger «
François Cerbonney est éleveur depuis 20 ans, chaque jour, il emmène ses 350 bêtes brouter sur les étendues sauvages qui font face au Mont-Saint-Michel. Agneaux et moutons y paîssent un herbu composé principalement de plantes halophiles qui confèrent à leur chair un goût iodé unique que les plus grands cuisiniers français se disputent.
Pourtant, depuis 2011, l’association écologiste Manche Nature mène un combat acharné contre la bergerie. Et gagne ses batailles : le tribunal administratif de Caen, la cour d’appel de Nantes puis le Conseil d’État en 2015 réclament le démantèlement du bâtiment de bois. Manche Nature saisit en 2020 le juge de l’exécution pour condamner François Cerbonney à une astreinte provisoire par jour de retard à la démolition ordonnée par la justice.
Découvrez ci-dessous le compte rendue de la dernière procédure résumée par le quotidien Ouest France.
Bergerie « illégale » près du Mont-Saint-Michel : la justice donne douze mois pour sa démolition
La chambre civile de la cour d’appel de Caen (Calvados) se prononçait, ce mardi 13 septembre 2022, dans l’affaire de la bergerie de Genêts (Manche), construite dans la baie du Mont-Saint-Michel. Le verdict est connu : l’éleveur François Cerbonney doit détruire son exploitation dans un délai de 12 mois, sous peine d’une astreinte de 50 € par jour, une fois ce délai passé.
« Ça veut dire que j’arrête mon métier… » En apprenant la décision de la chambre civile de la cour d’appel de Caen (Calvados), François Cerbonney accuse le coup. Berger à Genêts (Manche), où il élève des moutons de prés-salés dans la baie du Mont-Saint-Michel, il avait été condamné en 2017 à démonter sa bergerie, faute de quoi il devait payer une astreinte journalière.
La procédure judiciaire avait été entamée par l’association Manche Nature en 2014, estimant que le bâtiment d’environ 1 000 m² était en contradiction avec la loi Littoral.
Douze mois pour tout détruire
Le procès en appel s’était tenu en mai 2022 à la cour d’appel de Caen (Calvados). La chambre civile de la cour d’appel se prononçait, mardi 13 septembre 2022, au sujet de l’astreinte. La décision est tombée : le berger a 12 mois pour démolir sa bergerie, sous peine d’une astreinte provisoire de 50 € par jour de retard, et ce pour une période de quatre mois après le délai passé.
Un verdict mi-figue mi-raisin pour François Cerbonney et son collectif de soutien, Bergerie à défendre (Bad). « Je n’ai pas d’autres solutions, rappelle le berger. Je fais du mouton de prés-salés en Appellation d’origine protégée (AOP) et bio, mes bêtes doivent donc aller sur les prés salés. Or, les alternatives qu’on me propose jusqu’à maintenant, c’est un terrain à Mortain (à près de 30 km de là, NDLR) et un autre à peine plus grand qu’un jardin…«
« On va réfléchir à une solution » – Mais pour l’avocat de François Cerbonney, Me Arnaud Labrusse, il y a quelques motifs de satisfaction. « Ce qui est bien, c’est l’obtention d’un délai supplémentaire. Que l’astreinte infligée en première instance soit annulée. On va se donner du temps pour réfléchir à une solution, pour trouver un terrain d’entente avec Manche Nature.«
Mais l’association acceptera-t-elle une médiation ? Me Benoist Buisson, avocat de Manche Nature, a pris acte de la décision. « Ce qui est important, c’est la confirmation de l’application de l’astreinte. Affaire à suivre, rendez-vous dans un an.«
Communiqué de presse de Manche Nature le 22/09/2022
CHEFS – Soutenez le berger, signez la pétition, faites un don, cliquez sur le LINK ci-dessous :
Préservation du pastoralisme dans la baie du Mont Saint Michel.
Nous lançons une pétition pour recueillir le soutien du public en vue de préserver la Bergerie de Genêts (50530) qui est en danger. Cette bergerie, en activité depuis 2011, est un véritable « Trésor Vivant » de la Baie du Mont Saint Michel.
La construction de la bergerie a été régularisée par un permis de construire (juillet 2011), validée par les autorités locales avec l’aval de la Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites, ainsi que de celui des représentants du Ministère de l’Environnement.
Néanmoins, suite au recours d’une association écologiste, Manche Nature, le tribunal a décidé de faire démonter cette bergerie sous couvert de la Loi Littoral. Or, il semble qu’il y ait, sur la commune de Genêts, une contradiction dans les règles juridiques applicables aux espaces remarquables qui se recoupent avec les espaces protégés ou proches du rivage concernés par la Loi Littoral.
Nous ne comprenons pas, d’une part, cette décision du tribunal qui ne semble pas tenir compte de la totalité des aspects liés à cette affaire, d’autre part, l’obstination de cette association écologiste qui ne tient pas compte de la situation locale ni de l’intérêt de cette pratique pastorale.
Garder la Bergerie de Genêts revient à conserver un pastoralisme responsable, à protéger l’environnement et à maintenir une activité économique traditionnelle et réputée. Tous ces éléments font l’attrait et la valeur de la Baie du Mont Saint Michel.
Avec une expérience d’éleveur de 20 ans, François Cerbonney a su allier la protection du patrimoine et du cadre de vie, la production et la commercialisation locales de la viande en circuit court, l’élevage exclusivement français, la contribution à l’entretien de l’herbu et des prés-salés ainsi que l’organisation de manifestations touristiques pour valoriser les savoir-faire de la Baie : démonstrations et concours de tonte, dressage des chiens de bergers, fête du mouton, etc.
La qualité de la viande de moutons de prés-salés est reconnue au-delà de notre région. La laine locale, de premier choix, est, en outre, très recherchée pour la relance d’une filière lainière française «Tricolor».
François Cerbonney incarne le modèle du paysan parfaitement intégré à son environnement avec une bergerie construite en bois qui ne détériore pas le site. C’est un bel outil de travail pour respecter l’homme et ses bêtes, à proximité des herbus et proposant un circuit court de vente directe aux consommateurs. Sa mission et sa responsabilité, visant à réduire l’empreinte environnementale, à protéger les sols et à assurer le bien-être animal, doit se poursuivre.
L’ensemble des élus locaux et des administrations ainsi que les habitants de Genêts et des environs sont favorables au maintien de cette bergerie et de son activité.
Nous attendons le même soutien de votre part pour protéger et sauvegarder cette bergerie, témoin d’un métier et d’une culture ancestrale.
Crédit photo : @olivierpero