L’histoire du groupe Accor, devenu Accorhotels l’an dernier, s’apprête à prendre un nouveau tournant. Fondé en 1967 par Paul Dubrule et Gérard Pélisson, qui se sont inspirés de l’américain Holiday In, Accor est vite devenu un géant de l’hôtellerie et de la restauration.
Parmi les nouvelles adresses rachetées se trouvant dans FRHI, il y a des établissements “légendaires” comme le Raffles à Singapour, le Savoy à Londres, le Fairmont Peace Hotel à Shanghai, le Plaza Hotel à New York, ou encore le Royal Monceau – Raffles Paris, permettant à AccorHotels d’avoir un premier palace sur la place de Paris
3.900 hôtels sous 17 marques différentes
Recentré sur l’hôtellerie depuis 2010, Accor s’est développé grâce à ses marques fortes et des acquisitions (Courtepaille, Mercure, Sofitel, Motel 6 aux Etats-Unis…). Le groupe gère aujourd’hui 3.900 hotels dans 92 pays, sous 17 marques différentes, qui couvrent toute la gamme de l’hébergement, du low-cost à l’hyperluxe, faisant de lui le premier opérateur hôtelier au niveau mondial.
Avec 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015, Accorhotels est devenue l’une des entreprises françaises qui dégagent le plus de revenus. Le groupe emploie près de 190.000 collaborateurs dans le monde et il s’ouvre un nouvel hôtel Accor tous les deux jours !
L’ambition de renforcer le segment » luxe «
Sébastien Bazin le Patron de AccorHotels indique sa nouvelle stratégie : » Le plus important, c’est d’ajouter à notre portefeuille Raffles, Fairmont et Swissôtel, trois marques plus que centenaires extrêmement fortes, avec une clientèle très fidèle. Nous avions besoin de nous renforcer dans le segment du luxe, le marché qui progresse le plus. Ces marques vont bénéficier de la capacité de développement d’AccorHotels. Nous allons aussi profiter du gisement de talents phénoménal de FRHI. Nous avons recruté Chris Cahill, un ancien de FRHI, pour lui confier la direction de notre branche luxe, qui comprend aussi Sofitel, Pullman et MGallery. Il apportera à AccorHotels une autre dimension, son expérience dans la relation client, le marketing, et sa lecture du marché américain profiteront à l’ensemble du groupe. «
Le Qatar et l’Arabie Saoudite actionnaires à 16% et Jin Jang à 13 %
Pour financer la plus grosse acquisition de son histoire, l’hôtelier de luxe FRHI, pour 2,64 milliards d’euros, Accor a accepté de faire entrer à son capital ses propriétaires, le fonds d’investissement du Qatar (QIA) et celui du prince Al-Waleed, Kingdom Holding Company of Saudi Arabia (KHC). Ces derniers deviendront actionnaires d’AccorHotels avec respectivement 10,5% et 5,8% du capital et auront trois représentants au conseil d’administration d’Accor.
Accor se hisse ainsi à la 3ème place mondiale de l’hôtellerie de luxe derrière Marriott-Starwood et Intercontinental. Le groupe met surtout la main sur les prestigieuses marques Fairmont, Raffles et Swissôtel, ainsi que sur des établissements haut de gamme comme le Plaza de New York ou le Savoy de Londres.
Le Chinois Jin Jiang appartient à la Mairie de Shanghai
Le plus gros danger pour l’avenir d’Accor en bleu blanc rouge vient cependant de plus à l’Est encore. Jin Jiang, un puissant groupe hôtelier chinois, ne cesse de grimper au capital de son concurrent français, dont il possède déjà 15% (13% après le rachat de FRHI). Cette filiale d’investissement de la mairie de Shanghaï est désormais le 1er actionnaire du groupe hôtelier français et voudrait accroître son emprise.
Jin Jiang n’exclu de « continuer de monter au capital », le groupe a déjà expliqué vouloir « participer conséquemment à la stratégie de la société » via un ou plusieurs administrateurs. Et ce sera sûrement plusieurs car selon les analystes, Jin Jiang pourrait aller jusqu’à 29% du capital, juste en-dessous du seuil légal de 30% qui l’obligerait à lancer une OPA. Le Chinois serait prêt à payer le prix fort pour monter au capital.
Jin Jiang connaît déjà bien l’hôtellerie tricolore, le groupe de Shanghaï a déjà racheté Louvre Hotels il y a un an, propriétaire de Campanile, Kyriad, Première classe et Tulip, pour 1,3 milliard d’euros.
L’enjeu est désormais diplomatique car l’Etat redoute une prise de contrôle rampante. Le Gouvernement français s’est dit « très attentif » à ce que le capital d’AccorHotels « reste diversifié« . En effet, si Jin Jiang venait à prendre le contrôle, la plupart des hôtels passeraient sous pavillon chinois.
Un secteur en plein bouleversement
Dans tous les cas ces puissants actionnaires aux poches pleines, donnent à Accor les moyens de se développer, le groupe français devra s’adapter aux nouveaux modes d’hébergement et à la concurrence des site de réservation en ligne. Airbnb, qui ne possède pas le moindre hôtel, est valorisé 23 milliards d’euros, soit 2,5 fois plus que AccorHotels.