Un automne 2021 dynamique
Dans une ville toujours trépidante, aussi bien du point de vue de l’hôtellerie que de la restauration, Londres présente en cet automne 2021 d’intéressantes nouveautés. Tout en faisant face, en parallèle, à un manque notoire de personnel – Brexit et pandémie obliges. On fait le point ci-dessous sur les établissements qui font parler d’eux. Petit avant-goût : le groupe Big Mamma, le restaurant Park Row, le nouveau bar du palace Claridge’s, la réouverture du bar du St Pancras Renaissance Hotel, l’ouverture du foodcourt Eataly, le nouveau bar Hokus Pokus de l’hôtel Megaro, le restaurant Bibo de Dani Garcia au Mondrian Shoreditch, et l’hôtel The Londoner.
Les nouveautés restauration
Côté restauration, la capitale anglaise – mise à la peine ces deux dernières années à cause de la pandémie– a retrouvé sa légendaire ébullition. Parmi les ouvertures à relever, on mentionnera l’expansion du groupe Big Mamma à Londres, qui a inauguré en août un troisième restaurant, cette fois à Covent Garden. L’Ave Mario reprend les codes habituels du groupe : une déco foisonnante, pêchue, des plats XXL, et une ambiance chaleureuse. Le tout, bien sûr, adéquatement situé.
Plus récemment, l’établissement Park Row a fait un début remarqué sur la scène foodie. Située à Piccadilly Circus, cette adresse à thème décline cinq restaurants et bars mettant en scène, chacun à leur façon, l’univers de Batman. Le tout prend place au sous-sol d’un immeuble classé de Soho, dans un vaste espace où le décor distille clins d’oeil et rappels à Gotham City. Surprises et gadgets culinaires (dont un verseur automatique de whisky, dosé au millimètre près) se découvrent au fil de la soirée et des ambiances. Créé en partenariat avec Wonderland Design Studios, Park Row dispose notamment d’une salle privée, le Monarch Theatre, où une table de vingt sièges plongera les convives dans une expérience immersive, à grands renforts d’écran mural enveloppant, de plats à effets trompe-l’œil et autres capteurs à chaleur ou jets de vapeur. Les onze plats du menu, servis pour 195 pounds (environ 230 euros), sont signés par le chef Karl O’Dell. Quant au fondateur des lieux, James Bulmer, il n’est autre qu’un ancien du groupe de Heston Blumenthal, et le fils de l’ancien rédacteur en chef du guide Michelin Grande-Bretagne & Irlande. Il a confié espérer décrocher une étoile Michelin pour ce restaurant (dont les effets ne sont pas sans évoquer l’Ultraviolet de Paul Pairet).
Autre genre, autre style ; cette fois, direction le quartier branché de Shoreditch, où le très récent Eataly a ouvert ses portes. Ce concept tout droit importé d’Italie (où se trouve le flagship originel) a trouvé à Londres une nouvelle terre d’expansion. Les 3.900 m2 de volume de cet espace pluriel comprennent de quoi séduire les amateurs en tout genre de cuisine italienne. Entre les restaurants et bars, le vaste café, la grande épicerie fine, la charcuterie, une cave à vin très fournie (la plus grande de Londres, se dit-il), et une salle dévolue aux cours de cuisine, il y a de quoi faire. Des comptoirs de restauration rapide sont également disponibles (comptoir à pâtes et comptoir à pizza, entre autres). Le tout est distribué sur deux étages, et comprend une terrasse donnant sur le quartier toujours en activité de Liverpool Street (East London). Depuis son ouverture, le lieu ne désemplit pas. Le Times a d’ailleurs consacré un article au phénomène, ainsi qu’à son patron, Nicola Farinetti.
Trois nouveaux bars à suivre
Londres étant la scène du bar par excellence en Europe, les choses n’y sont jamais en reste sur ce plan. Au Claridge’s, fameuse institution de Mayfair jadis prisée par Churchill, un bar façon écrin s’est dévoilé à l’automne. Le Painter’s Room compte moins de dix tables (huit précisément), un bar en onyx raffiné, et se déploie dans une atmosphère (très) intimiste, élégante et feutrée. Aux murs, des illustrations de l’artiste britannique Annie Morris complètent ce décor ouaté, pastel et art-déco. Le tout est signé BOS Studio. Un bémol : au vu de la petitesse du lieu, il faut absolument réserver à l’avance. Le plus : justement parce que c’est petit, l’équipe est aux petits soins.
Cette fois, c’est à King’s Cross qu’une réouverture très attendue aura lieu le 16 novembre. Il s’agit du Booking Office 1869, le bar du St. Pancras Renaissance Hotel. C’est sous des traits redéfinis par l’architecte Hugo Toro qu’il s’apprête à rouvrir. Outre le revamping complet des lieux, la cuisine sera confiée à Patrick Powell – qui supervise déjà le restaurant Allegra dans l’autre hôtel du même groupe, The Stratford. On vous en dit plus bientôt.
Toujours à St Pancras, l’hôtel Megaro (connu pour sa façade peinte par des artistes de street art) ouvrira prochainement un nouveau bar, Hokus Pokus. Ce sera Tomas Vykopal, un ancien du Mr. Foggs et du Buddha Bar, qui supervisera la carte des boissons.
Les nouveaux hôtels de Londres
Là encore, la scène hôtelière londonienne ne cesse de se réinventer. Que ce soit avec l’arrivée du très réussi NoMad London à Covent Garden, en passant par le Mondrian à Shoreditch (en lieu et place du feu The Curtain, qui, bien que récent, n’aura pas résisté à la pandémie), sans oublier l’ouverture début novembre du Westin London City près de St Paul, les choses bougent. Le Mondrian conviendra aux foodies grâce à sa table BIBO signée Dani Garcia (dont c’est là le premier concept culinaire au Royaume-Uni). Le Westin London City, lui, se distingue pour son agréable spa (et sa piscine chauffée), ainsi que son lobby et son bar Hithe + Seek, avec vue dégagée sur la Tamise, face au Globe Theatre. Quant au NoMad London, il séduira par son élégance, son décor raffiné et son wow factor.
Enfin, le tout récent Courthouse Hotel Shoreditch, situé dans l’ancienne Cour des Magistrats d’Old Street, dispose notamment d’un rooftop et d’un mini-cinéma. Tandis que The Londoner, ouvert dernièrement à Leicester Square, se présente comme le premier boutique-hôtel à grande échelle.
Haut de 16 étages, doté de 350 chambres (dont une tour-penthouse), et d’un nouveau cinéma Odéon, le Londoner comprend 6 espaces de restauration, un rooftop, un spa, une gym, des salles de conférence et une salle de bal. À noter, l’établissement est totalement accessible pour les clients à mobilité réduite. De fait, 18 chambres ont été spécialement conçues pour leur convenir ; elles disposent notamment d’éclairage spécial, de design acoustique et de murs aux couleurs contrastées, pour répondre aux besoins des personnes affectées par des troubles de la vue ou de l’ouïe. En outre, chaque étage de l’hôtel dispose de WC pour les personnes en fauteuil roulant.
Quid des effets du Brexit et de la pandémie ?
Forcément, les effets cumulés de la pandémie puis du Brexit (et avec celui-ci, l’instauration de quotas pour les étrangers souhaitant partir travailler au Royaume-Uni), se sont fait fortement ressentir dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration au Royaume-Uni. Beaucoup d’établissements sont actuellement sous-staffés, y compris les plus grands hôtels. Certains groupes de restauration voient quant à eux leurs projets d’expansion ralentis, voire carrément mis en suspens, comme le groupe Corbin & King (à qui l’on doit notamment le fameux Wolseley), qui a dû remettre à plus tard l’ouverture d’un restaurant de fruits de mer, pourtant annoncée de longue date. Le même groupe a dû également fermer temporairement l’une de ses brasseries, le Soutine, pour cause de manque de personnel. L’un des co-créateurs et dirigeants du groupe, Mr King, a par ailleurs déclaré dans la presse britannique qu’une autre inquiétude majeure vient des circuits d’approvisionnement – eux aussi très impactés par le Brexit et la pandémie. De fait, même le géant des supermarchés Sainsbury a fait part de ses problèmes d’approvisionnement à la presse.
Par Anastasia Chelini – dimanche 14 novembre 2021