Les biocarburants durables pour l’aérien seront destinés aux aéroports français dès le mois d’avril. Total a annoncé jeudi avoir entamé la production en France de biocarburants d’aviation durables, en ayant recours à des huiles de cuisson usagées, un élément essentiel au transport aérien pour qu’il réduise ses émissions de carbone.
Ce carburant d’aviation durable (SAF) est produit dans la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) et sur le site d’Oudalle (Seine-Maritime), spécialisé dans les lubrifiants, le géant pétrolier et gazier se diversifie de plus en plus. Ces biocarburants aériens seront destinés aux aéroports français dès le mois d’avril, le groupe Total doit par ailleurs produire 170.000 tonnes de SAF sur son site de Grandpuits, en région parisienne à partir de 2024, Il y investit 500 millions d’euros, dont 200 millions pour les seuls biocarburants d’aviation.
L’ensemble de ces biocarburants aériens durables seront produits à partir de déchets et résidus, issus de l’économie circulaire. Le transport aérien s’est fixé pour objectif de réduire d’ici à 2050 ses émissions de CO2 de 50% par rapport à leur niveau de 2005. La moitié des gains attendus dépend de l’utilisation de carburants d’aviation durables.
Les SAF peuvent actuellement être mélangés à 50% avec le kérosène d’aviation et l’industrie aéronautique vise 100% d’ici à la fin de la décennie. Leur coût pour l’instant prohibitif empêche leur décollage. Ils représentaient en 2019 moins de 0,1% des 360 milliards de litres de carburant utilisés par l’aviation. La feuille de route du gouvernement français prévoit de monter à 1% en 2022, 2% en 2025 et 5% en 2030.
L’avionneur a contribué à faire certifier cinq sources de biocarburant que l’on peut incorporer aux moteurs d’avion existant. Les seules huiles de cuisson et de graisses animales (150 000 tonnes en France par an) qu’Air France utilisera pour ses vols au départ de San Francisco en juin prochain ne suffiront pas en termes de volume.
Besoin de mobiliser d’autres ressources comme le papier, le bois, les boues d’épuration, les ordures ménagères… qui, eux, représentent des millions de tonnes , les spécialisent tablent sur trois à cinq ans de recherche pour maîtriser les technologies de fermentation et de gazéification de cette biomasse pour la transformer en biocarburant.
Mais au final, cela sera t’il vraiment écologique ? … pas si sûr, surtout si les bioraffineries font appel à un approvisionnement en huile de palme pour compenser le manque de produit… et quand on connaît les dégâts que cela provoque pour la biodiversité, on se dit que la boucle est loin d’être bouclée.