La nouvelle est tombée cette nuit de mercredi à jeudi : le gouvernement américain prolonge de six mois la taxe de 25% sur les vins français. Cette taxe, entrée en vigueur en octobre dernier dans le cadre du conflit sur les subventions européennes à Airbus, frappe également les vins allemands, espagnols et britanniques en-dessous de 14° d’alcool.
« C’est très préjudiciable pour la viticulture française », réagit Jérôme Bauer, président de l’Association des viticulteurs d’Alsace. « Airbus, ce n’est pas notre sujet… Nous sommes très en colère contre notre gouvernement et l’Europe, qui ne sont pas capables de trouver un accord avec les Etats-Unis ».
Les exportations de vins français aux Etats-Unis ont chuté de 30% en volume et 40% en valeur depuis l’imposition de ces taxes, « soit 250 millions d’euros de chiffre d’affaires perdu », constate Thiébault Huber, en pleine mise ne bouteille président de la CAVB (Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne). « C’est triste », nous répond-il, « alors qu’il est en train de mettre en bouteille. L’Europe est une force économique, mais elle n’arrive pas à faire valoir nos droits, à établir le rapport de forces. C’est comme en Chine, on n’arrive pas à protéger nos appellations… ça m’énerve ! »
La demande est donc relancée d’un fonds de compensation pour la viticulture, qui s’estime injustement victime d’un conflit entre Airbus et Boeing qui ne la concerne pas. « Le gouvernement nous renvoie à l’Europe, qui ne va pas prendre de décision car tous les pays ne sont pas concernés », regrette Thiébault Huber. « On nous promène… Et c’est là où Trump est fort, il nous divise ».
A noter que les Etats-Unis ont maintenu le montant des marchandises taxées à l’importation (7,5 milliards de dollars), mais ont modifié la liste des produits, qui entrera en vigueur le 1er septembre. Ils ont retiré des produits importés de Grèce et du Royaume-Uni (mais pas le scotch single malt), mais ils ont ajouté dans la liste à 25% les confitures françaises et allemandes ainsi que les couteaux de boucherie et hachoirs ! Les produits aéronautiques restent pour leur part taxés à 15%.