C’est le sujet du moment, la restauration ne trouve pas de main d’oeuvre, c’est la galère dans tous les services, cuisine, entretien, hôtellerie, accueil, … Mais pourquoi après la crise sanitaire du Covid, beaucoup d’employés ont-ils quitté la restauration ? … le quotidien Ouest France a mené l’enquête auprès des intéressés …
Les raisons sont multiples, France, Italie, Espagne, Angleterre, Grèce, … mais aussi au-delà des frontières de l’Europe, USA, Canada, et même dans certains pays d’Asie, même problème … Si les causes peuvent être différentes, le résultat est le même pénurie de personnel, d’équipiers, de collaborateurs…
Heureusement, la passion pour ce métier reste intacte pour de nombreux acteurs de la profession, d’autant que depuis quelques années les conditions de travails se sont beaucoup améliorées dans la branche gastronomie … Ceux qui aujourd’hui ne gardent pas leurs équipes, c’est qu’il y a un malaise dans la gestion de leur entreprise, et finalement c’est un juste retour de bâton après de trop nombreux abus.
Source Ouest-France
Sarah a travaillé dans la restauration en Bretagne pendant une dizaine d’années. « D’abord à côté de mes études » avant de passer à temps plein pendant six ans. Mais elle a finalement fait le choix de quitter son job. « Non pas à cause du salaire, ou des horaires, ou de la difficulté de ce métier… mais à cause des gens. Le comportement de la clientèle envers les professionnels de la restauration est déplorable », regrette-t-elle. « Aucune politesse, aucun respect, aucune reconnaissance… J’en ai été dégoûtée. »
Son témoignage n’est pas isolé. Alors que de nombreux restaurateurs peinent à trouver la main-d’œuvre pour assurer la saison estivale, d’anciens salariés du milieu racontent leurs conditions de travail dans un appel à témoignage lancé par Ouest-France. « Je me souviens d’un mois où j’étais monté à 51 heures par semaine, pour 1 200 € », raconte Stéven, qui a travaillé dans une brasserie de Nantes. Comme d’autres collègues, il assure que « les heures supplémentaires n’étaient pas payées, pas récupérées. »
« Il est presque impossible de voir des gens hors restauration »
Les horaires de travail sont régulièrement pointés du doigt. « Travailler en cuisine, c’est se lever à 8 h 30 pour commencer à 9 h, finir à 14 h 30 pour reprendre à 18 h 30 et finir à minuit et, donc, ne s’endormir qu’à 2 h du matin, raconte Aël. Si vous faites des siestes l’après-midi, ça fait cinq jours de la semaine où il est presque impossible de voir des gens en dehors de la restauration ou d’avoir des activités. »
Le salaire est aussi régulièrement critiqué. Valérie se souvient avoir été « payée une misère pour des services midi et soir, semaine et week-end ». Cynthia a aussi quitté un job qui « paye très mal » . « Être payé le Smic pour 35 heures, ça ne vaut pas le coup : on n’a pas de vie de famille, on ne peut pas sortir parce que de nombreux restaurants sont ouverts quasiment 7 jours sur 7. »
La crise du coronavirus a été l’élément déclencheur d’un changement de vie pour plusieurs anciens employés. Comme Romain, qui a « lâché la rampe dès l’arrivée du Covid ». « J’aimais mon métier mais vu les sacrifices familiaux, les vacances décalées et le fait de ne pas voir grandir son enfant tellement ce métier est prenant », il a voulu arrêter.
« Le Covid m’a sauvé la vie », ajoute Stéven, serveur titulaire d’un CAP, qui n’appréciait pas du tout l’ambiance de travail : « Les brimades de la part de la cuisine, les coups de torchon mouillé, les assiettes brûlantes que le chef vous donne pour vous brûler, les remarques sur le poids, la couleur de la peau, l’orientation sexuelle, les cris, les insultes et le reste… »
Après avoir travaillé 20 ans dans la restauration, Grégory dit que le premier confinement lui « a ouvert les yeux car la vie de famille, c’est bien aussi. » Il travaille désormais à l’usine, où il peut « avoir tous les week-ends, les jours fériés, être en vacances en même temps que mes enfants, et bien sûr les 35 heures et un salaire bien meilleur ».