Nourrir les sinistrés – Face aux incendies qui ont ravagé l’île de Maui des chefs cuisiniers reconnus de l’archipel ont décidé d’unir leurs forces pour offrir aux survivants un précieux réconfort culinaire.
« On sait que la nourriture est un remède », explique Sheldon Simeon, ambassadeur célèbre de la cuisine hawaïenne. « Donner à ces gens un plat chaud, […] c’est quelque chose qui les rapproche d’Hawaï […], plutôt que quelque chose qui sort d’une boîte de conserve », dit-il dans l’agitation d’un centre de l’île de Maui qui prépare des milliers de plats chaque jour pour les sinistrés.
« C’est peut-être le début d’une forme de rétablissement », ajoute le cuisinier depuis la ville refuge de Kahului. De l’autre côté de la montagne, la ville de Lahaina a comme été rayée de la carte. Des milliers d’habitants sont désormais sans domicile.
Au moins 1.400 personnes qui ont tout perdu dans le brasier dorment à présent dans des abris, chez des proches ou dans leur voiture. Et face à l’action des autorités que certains estiment trop lente, les locaux s’organisent entre eux.
L’école de cuisine de l’université, sur le campus de Kahului, est ainsi devenue une fourmilière. Une armée de bénévoles versent sur une longue tablée le plat du jour dans des pots, les placent sur des plateaux, avant que d’autres ne les rangent dans de grandes glacières pour aller les livrer.
Sheldon Simeon et d’autres cuisiniers de renom de l’île – dont Lee Anne Wong, star de « Top Chef » USA dont le restaurant à Lahaina a été détruit – font désormais les trois-huit pour nourrir les sinistrés.
« Certains de nos cuisiniers ont perdu leur maison (dans l’incendie) et ils sont là avec nous, cuisinant pour les gens. Ça vous donne une idée de ce que c’est, cet esprit aloha », dit le cuisinier, en référence à cette philosophie de vie hawaïenne.
Curry thaïlandais au mahi – Toute l’équipe prépare et emballe quelque 9.000 repas par jour. « J’ai travaillé dans des grands restaurants toute ma vie, et je n’ai jamais vu de telles quantités de nourriture », s’exclame Taylor Ponte.
Des agriculteurs locaux qui viennent déposer 1.800 kilos de viande, presque une tonne de saumon venu d’Alaska, des centaines de kilos de pastèque déposées par les habitants… « Tellement, tellement de nourriture », ajoute ce cuisinier privé renommé en s’accordant une courte pause.
Les menus s’adaptent aux denrées reçues, et à la cuisine hawaïenne. Dimanche midi, c’était curry thaïlandais au mahi, un poisson. Le soir, mac & chesse au menu, le plat typique américain de pâtes au fromage, servi avec de la bolognaise.
« C’est quelque chose de produire 7.000, 9.000 repas par jour, vous devenez créatif avec ce que vous avez », reprend Sheldon Simeon.
Une fois les plats empaquetés et placés dans des glacières, des bénévoles les transportent là où sont installés les déplacés, dans les refuges alentour et à Lahaina. À peine le déjeuner terminé, il faut s’attaquer au dîner. Et si l’arrivée de nouveaux bénévoles apporte un peu de répit, les journées sont toujours longues. Dans son tablier bleu, Taylor Ponte ne se plaint pas. « Nous n’avons que la fatigue. (Les sinistrés) sont fatigués, ont faim, n’ont plus de toit », dit-il. « De toute façon, nous les cuisiniers, on ne dort jamais vraiment.«
Source AFP – Potos Afp