A en croire certains proches du dossier, les dirigeants d’AccorHotels ne seraient pas parvenus à réunir un pool d’investisseurs français et européens pour racheter la part de l’Etat, qui est évaluée à environ 450 millions d’euros. Or le mastodonte de l’hôtellerie, détenu par des actionnaires chinois, qataris et saoudiens, ne pouvait effectuer ce rachat seul. De surcroît, la réglementation de Bruxelles impose que 50 % des actionnaires d’une société européenne soient européens.
Liens rompus avec la compagnie aérienne – En mettant le pied chez Air-France-KLM, AccorHotels ciblait surtout le très gros portefeuille de membres du programme de fidélité Flying Blue de la compagnie franco-néerlandaise. Au moment où s’opère un vaste mouvement de consolidation dans le secteur de l’hôtellerie, les programmes de fidélité sont plus que jamais le nerf de la guerre.
Avec cette manœuvre d’approche de la compagnie aérienne, AccorHotels souhaitait en outre « développer notamment des projets digitaux communs et une plate-forme commune de fidélisation et de services qui permettraient aux clients des deux groupes, leaders mondiaux du voyage, de bénéficier d’une offre enrichie de services autour de la mobilité à travers le monde », fait savoirun proche du groupe. Après l’échec de la prise de participation, il semble qu’AccorHotels ait rompu tous les liens avec Air France. « Nous avons arrêté l’étude avec Air France », a insisté M. Morin.
En juin, les investisseurs s’interrogeaient sur la pertinence de l’opération. Ces derniers mois, les jours de grève se multiplient au sein de la compagnie aérienne. Depuis la démission de son PDG, Jean-Marc Janaillac, le 4 mai, après le rejet d’un accord salarial, le conflit n’est pas terminé, seulement suspendu. L’intersyndicale qui regroupe dix organisations rassemblant toutes les catégories de personnels n’a pas renoncé à ses revendications. Elle réclame toujours des augmentations générales de rémunération pour compenserl’inflation intervenue pendant les six années de blocage des salaires.