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Les frères ennemis ont du sushi à se faire
Les fondateurs de Planet Sushi et Sushi Shop viennent du même quartier. Vingt ans après leurs débuts, ils peinent à surmonter la crise du secteur.
Dans la petite galaxie du sushi qui ne brille plus beaucoup, ils sont les deux qui comptent encore. Les deux entrepreneurs quadras qui ont propulsé la boulette de riz au poisson cru dans la restauration rapide française à la fin des années 1990. Et qui se disputent tous deux vingt ans plus tard le titre de roi français du sushi, aux côtés d’une myriade de petits indépendants, qui représentent 90 % des 1 500 restaurants japonais recensés en France. D’un côté, Grégory Marciano, président fondateur de l’enseigne Sushi Shop et ses 110 points de vente, de l’autre Siben N’Ser, celui de Planet Sushi, avec 70 restaurants.
Hasard de la vie, les deux concurrents sont de vieilles connaissances. Grégory et Siben ont des amis en commun, ils ont grandi dans le même quartier, le chic XVIe arrondissement parisien où ils ont fréquenté la même école. « On se croise encore parfois », glissent évasivement l’un et l’autre. Ils prétendent tous deux avoir eu l’idée d’ouvrir un point de vente de sushi la même année, 1998, et grosso modo au même endroit. « A l’époque, c’était révolutionnaire. 2 % des Français mangeaient du poisson, alors imaginez, du poisson cru ! rappelle Siben N’Ser. On ne mangeait des sushis qu’à Paris, dans des restaurants très chers tenus par des puristes japonais. »
Ils misent sur l’étranger
Les deux self-made-men assurent être en excellente santé économique aujourd’hui. Vraiment ? « La vérité, c’est que les deux se portent mal en France et sont obligés de fermer quelques points de vente », assure Bernard Boutboul…. Planet Sushi est d’ailleurs sorti récemment d’une procédure de sauvegarde. « Ce sont les deux plus solides mais le marché vivote. Il y a eu un pic vers 2010, mais aujourd’hui, des enseignes souffrent ou revoient leurs ambitions à la baisse. »
Derrière la lutte des enseignes, donc, l’ombre de la crise de la boulette de riz made in France. « Le soufflet japonais est monté très vite puis est redescendu. On ne sera jamais des fous de sushi. Les Français préfèrent encore la nourriture plaisir à la nourriture saine. La volaille ou la viande rouge, le gras, le sucré ». Contrairement aux Anglo-Saxons, ces férus d’hygiène et de bio, vers lesquels se tournent désormais nos deux rois français déchus. A New York et Miami, pour Planet Sushi. A Londres, pour Sushi Shop. Les deux PDG misent sur l’étranger quand les Français se tournent désormais vers la grande distribution pour manger japonais. « C’est la grande surprise. Les 330 corners de sushis que vient d’ouvrir Carrefour cet automne font un carton. C’est donc par l’hypermarché que le sushi est en voie de devenir un produit de masse en France. » assène Bernard Boutboul