Après le reportage à charge lundi soir sur France2 dans  » L’Oeil du 20 heures  » le chef Gilles Goujon répond aux journalistes et s’adresse au public qui le suit

28 novembre 2019  0  Chefs & Actualités F&S LIVE
 

signature-food-and-sens Gilles Goujon F&S suit de près l’affaire qui mêle l’Inspection du Travail, le chef trois étoiles Gilles Goujon, La Ministre du Travail et à laquelle se rajoute maintenant la presse. La presse qui a produit pour France 2 un reportage à charge contre le chef, Gilles Goujon explique d’ailleurs que les journalistes n’ont pas tenu compte de ses explications…

Mais comment est-ce possible que la presse du service public ne soit pas intègre ? … on peut le comprendre pour des journalistes engagés dans des quotidiens marqués politiquement, mais là, France2 c’est quand même fort, une chaîne qui devrait apporter des réponses aussi dans la contradiction.

Voilà ce qu’écrit Gilles Goujon : 

Lundi soir, dans « L’œil du 20 heures » sur France 2, un reportage était consacré à la ministre du Travail et à certains syndicats de l’Inspection du Travail. Je me suis ainsi retrouvé mêlé à une affaire qui me dépasse largement dans un sujet exclusivement à charge. En effet, à ma grande surprise, les réponses que j’avais apportées par écrit au journaliste m’ayant sollicité sont restées lettres mortes. Or, je crois que ces réponses sont importantes, ne serait-ce que parce qu’elles portent la vérité objective des faits. Je les partage donc, ici, avec vous, en toute transparence – ses questions suivies de mes réponses -, afin que chacun puisse se faire une idée honnête, et que je puisse tourner définitivement cette page douloureuse pour mes équipes et ma famille.

Réponses adressées au journaliste de France 2 le samedi 23 novembre 2019 à 17H.

Monsieur,
Je vais répondre de mon mieux à vos diverses questions même si je ne suis pas un écrivain. J’y réponds par écrit car, tout le monde le sait, les écrits restent quand les paroles s’envolent et peuvent même être mal interprétées ! Or, vous le savez, je ne travaille pas seul. Depuis 28 ans, de nombreux jeunes cuisiniers se sont formés chez moi et aujourd’hui près de cinquante personnes y travaillent. Je suis fier de mon métier et de ce que j’ai construit à la force du poignet avec mes équipes. Je reprends vos questions dans l’ordre.

Pourquoi vous était-il impossible de déléguer cette mission de décompte du temps de travail et de présence, pendant votre arrêt de travail ?

Vous touchez du doigt mon erreur. Une erreur que je reconnais et qui m’a valu d’être durement sanctionné par l’inspection du travail. Permettez-moi de souligner qu’en plus de trente ans de carrière, c’est la première fois que je suis ainsi sanctionné par un tel avertissement. Dans un métier où chacun sait que la réputation se construit en de nombreuses années, cet avertissement est dur car il peut remettre en cause en un instant tout ce qui a été construit. Mais, comme je l’ai déjà déclaré, j’ai reconnu ce manquement aux règles. J’imagine que le fait d’être opéré à cœur ouvert en janvier 2018 et une convalescence plus longue que prévue n’excusent rien. C’est pourtant la réalité. Mais une telle opération le rappelle, nul n’est irremplaçable et depuis ce manquement, notre organisation prévoit maintenant mes absences. Cette erreur ne se reproduira donc pas.

Confirmez-vous avoir eu l’occasion de défendre votre point de vue, et notamment l’argument exposé plus haut, lors d’une procédure contradictoire avec les agents de l’inspection du travail ?

Mais je n’ai jamais prétendu le contraire ! Le 16 novembre 2018, à Narbonne, avec l’inspectrice du travail et la sous directrice de l’Aude, puis une autre fois à Toulouse, le 4 juin 2019, avec la Directrice Adjointe au travail, qui était avec un autre inspecteur du travail. Après ces deux rencontres, un rapport a été transmis à leur hiérarchie et j’ai pris un avertissement. Avertissement que je ne conteste pas, j’insiste, même si je regrette que mon opération à cœur ouvert, douloureuse et effrayante comme vous le diront ceux qui traversent une telle épreuve, n’ai pas été comprise comme je l’ai ressentie.

Savez-vous que l’inspection du travail est un système censé être indépendant, y compris à l’égard du pouvoir politique ?

Très franchement, je crois que cette histoire est une succession d’incompréhensions. Tout d’abord, je suis convalescent et pas dans mon assiette quand l’inspection du travail intervient. J’arrive de chez moi fatigué et oui, brièvement je m’emporte, à tort, c’est vrai, contre cette inspectrice qui ne fait que son travail. J’espère que vous comprendrez qu’il est plus facile d’accueillir une inspectrice du travail lorsque vous êtes en forme, que lorsque vous êtes en arrêt maladie ! Ensuite, comme un citoyen qui a du mal à comprendre ce que l’administration lui réclame, c’est vrai, j’écris à la DIRECCTE en septembre 2018, puis à la ministre en décembre 2018. Qui n’a pas fait signe à son maire lorsque l’administration lui donne le sentiment à tort ou à raison de ne pas le comprendre ? Comme vous le savez, la lettre de la ministre est publique, je n’ai bénéficié d’aucune faveur d’aucune sorte.

Dès lors, pourquoi avoir écrit à Madame la Ministre à deux reprises ?

Permettez-moi, respectueusement, de vous corriger. J’ai écrit à la DIRECCTE en septembre 2018 et à la ministre du Travail le 4 décembre 2018. Chaque lettre me prend beaucoup de temps à écrire. Je suis Chef, étoilé. Mes journées sont longues, je me donne à corps perdu à mes équipes et à mes clients, et c’est entre les deux services que je réponds à vos questions de la façon la plus transparente possible. Aujourd’hui, je n’ai qu’un seul souhait, sortir de cette histoire qui menace l’œuvre d’une vie et de nombreux emplois. Je n’aspire qu’à retrouver l’exaltation d’exercer ma passion.

Quelle est votre réaction au recours pour excès de pouvoir déposé devant le Tribunal Administratif par des représentants du personnel de l’inspection du travail, qui demandent l’annulation de la décision du 22 juillet 2019 vous concernant ?

Je vous le répète : je suis Chef, étoilé. Je ne veux qu’une seule chose, pouvoir continuer à faire mon travail de mon mieux pour le plaisir de mes clients. Je n’ai pas de formation en droit et encore moins d’avis sur ce recours dont vous parlez et dont je n’ai été informé que par la presse pour le moment. A regarder cette tempête dans laquelle je suis entraîné, et qui m’a déjà valu un avertissement terrible personnellement et très dommageable pour mon restaurant, je me demande parfois si je ne suis utilisé par certains pour taper sur d’autres.

En espérant que mes réponses nous permettront de retrouver le calme qui nous est cher, je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de mes salutations respectueuses,

Gilles Goujon.

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