Journée mondiale contre la Maladie D’Alzheimer, les chefs J & L Pourcel ont cuisiné pour les  » Sans Fourchette « 

22 septembre 2018  0  Non classé

 Pour la Journée Mondiale contre la Journée d’Alzheimer, les frères Pourcel ont crée un repas pour une bonne centaine de convives atteint de cette maladie dégénérative qui touche de plus en plus de français. Le principe réaliser un repas complet allant de l’amuse bouche au dessert tout en petites bouchées à consommer avec les doigts.

Retrouvez l’article du quotidien La Dépêche ci-dessous.

Le super-restaurant branché de Montpellier a servi un repas gastronomique à consommer sans fourchette. Pour tous. On attendait un moment Cro-Magnon. Mais on a eu droit à une séance pleine de doigté.

Le temps d’un repas savoureux préparé par les chefs étoilés Pourcel, ils ont abandonné fourchette et couverts pour manger avec les mains. Tous, les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer comme leurs accompagnants et autres valides. Et tous ont apprécié cette leçon de vie simple et finalement très conviviale mise en place dans le cadre de la Semaine de la mémoire qui s’est tenue à Montpellier.

«Bien sûr que cela crée plus de convivialité. Et la grande majorité des humains sur terre mangent encore avec les mains, sans se servir de couverts qui sont des éléments culturels. Il peut y avoir une stimulation supplémentaire par le toucher, ce qui donne une information sensorielle de plus pour mémoriser ce qu’on a mangé, même si à ce jour aucune étude n’a pu établir un véritable constat. Mais vous voyez que tout le monde a passé un bon moment et que toutes les assiettes sont reparties vides en cuisine», s’exclame le docteur Catherine Thomas-Antérion, neuropsychologue spécialiste de la mémoire.

Petites bouchées

«C’est un problème de pouvoir se servir de couverts pour manger pour une personne qui vit avec la maladie d’Alzheimer. La solution, c’est finalement de supprimer la fourchette et de confectionner des petites bouchées faciles à identifier dans l’assiette et faciles à manipuler. Nous obtenons des résultats très intéressants», poursuit Fabienne Verdureau qui développe ce concept «Sans Fourchette» particulièrement convivial, vécu comme un moment de fête par les participants à ce repas.

«C’est une très belle idée et une très bonne piste. J’ai appris à faire des bouchées pour que mon mari puisse manger dans de très bonnes conditions. Le soir, chez nous, c’est sans fourchette et avec les mains», ajoute Bernadette qui veille avec tendresse sur son mari qui peine d’ordinaire à tenir cuillère, fourchette ou couteau.

Dans les cuisines du restaurant le Terminal 1 à Montpellier, les frères Pourcel ont dû déployer des trésors d’ingéniosité pour transformer leurs mets en petite portion individuelle que l’on peut prendre entre les doigts.

«Sans changer la nature et les saveurs de notre cuisine, il nous a fallu imaginer une formule inédite. Les petites bouchées, traditionnellement des petites choses en amuse-bouche. Là ce sont tous les plats, sans modifier les recettes» raconte Jacques Pourcel, le chef du Terminal1 à Montpellier après avoir créé le Jardin des Sens qui a compté jusqu’à 3 étoiles. Et des fourchettes aussi !

Au bout de la mémoire

Les messages qui permettent de se souvenir du passé et ceux qui nous projettent vers l’avenir activent les mêmes zones cérébrales. C’est ce qui ressort notamment des échanges lors de la Semaine de la mémoire organisée à Montpellier par l’observatoire des Mémoires. «La mémoire du futur, de notre futur, c’est la planification, c’est l’anticipation et surtout la faculté de récupérer une information au bon moment, par exemple pour aller déposer une enveloppe chez ma sœur», explique la neuropsychologue Catherine Thomas-Antérion. Pour parvenir à conduire sa propre stratégie d’anticipation cérébrale, la scientifique lyonnaise préconise les aides externes (numérique) mais avec modération. Surtout, elle conseille de hiérarchiser les missions et de les limiter dans une seule journée. Il n’est pas interdit de faire des listes pour que le cerveau puisse aussi un peu souffler. Et qu’on ne manque pas de pain pour le dîner.