Bocuse D’Or le chef Laurent Lemal s’exprime sur L’Express » C’est très dur. Clairement, on se rend compte que tout le monde est venu ici pour nous dévorer «
Retrouvez l’interview du chef Laurent Lemal sur le magazine L’Express, avec son équipe ils ont été au bout d’eux-mêmes. Ils finissent fiers du travail accompli, et se sont rendus compte sur place de l’ampleur de la tâche et de la pression que la compétition engendre.
Laurent Lemal: « Le Bocuse d’or, c’est devenu une démonstration de force »
Laurent Lemal représentait la France au Bocuse d’or 2017. Il a gagné le prix de l’assiette végétale, tandis que son commis, Benjamin Vakanas, a été élu Meilleur commis.
La finale du Bocuse d’or, c’est deux ans d’une vie qui se jouent en 5h35?
C’est exactement ça! C’est 5h35 d’épreuve intense où on a réussi à mettre en place ce que l’on voulait, avec Benjamin [Vakanas, son commis] et Franck [Putelat, son coach]. On a été au bout de nous-mêmes.
Pourquoi avoir choisi le thème du Petit Prince?
Parce qu’on est à Lyon et que l’oeuvre de Saint-Exupéry a bercé mon enfance et que je la lis à mon fils maintenant. C’est novateur aussi d’apporter un thème à un thème [végétal, le thème de l’assiette]. Notamment le clin d’oeil avec la boîte « dessine-moi 100% végétale » et l’astéroïde.
La France est toujours l’une des nations les plus attendues sur le Bocuse, non?
Ça a été compliqué. On sait pertinemment qu’on est attendus, il y a de plus en plus d’équipes de folie avec des budgets colossaux. Le Bocuse d’or, c’est devenu une démonstration de force des pays, pour le tourisme notamment. C’est très dur. Clairement, on se rend compte que tout le monde est venu ici pour nous dévorer. A nous de montrer les crocs et de faire le travail comme il se doit.
Vous avez concouru le premier jour de la finale, avec les autres poids lourds du Bocuse : le Japon, la Suède, la Norvège…
Quand on a vu le tirage au sort, on s’est dits qu’on allait être tout de suite dans le bain. Finalement, tout le monde a fait ce qu’il devait faire. On s’entraîne durement pour ça. Maintenant, la dégustation, la chaleur, le goût -surtout-, l’originalité, la touche de créativité… tout cela fait la différence. Ou pas. Je pense que les dix premières places se sont jouées à quelques points. D’ailleurs, à mon avis, dix pays étaient susceptibles de gagner cette année.
Votre commis, Benjamin Vakanas, nous expliquait qu’il n’avait pas entendu les cris des supporters tellement il était concentré et « dans sa bulle ». Qu’en est-il pour vous?
Pareil. J’ai compris qu’il devait y avoir beaucoup d’ambiance car je n’entendais pas les minuteurs!
Pourtant, les supporters français étaient bien là, et les cornes de brume aussi. Cette ambiance est inédite pour un concours de cette ampleur, non?
En effet. On peut maintenant se mettre dans la place d’un joueur de tennis ou de handball. Plus sérieusement, moi qui suis amateur de rugby, je pense qu’il n’y a nulle part une ambiance aussi longue. Là, pendant 5h35, ça ne s’arrête pas du tout. C’est un brouhaha monumental et c’est formidable.
Que fait-on le soir après son passage, mardi : repos ou fête?
Quelques bières. Et se détendre surtout. Car cela fait 18 mois qu’on ne le fait pas. Et on attend le résultat, en famille et entre amis.
Comment envisagez-vous le retour à la « vraie vie » après ces 18 mois de compétition?
Il me tarde de partir en vacances avec femme et enfant, de me détendre. Un peu de calme.
Et professionnellement?
1er avril, réouverture du restaurant [La Coopérative, à Bélesta]. On est fermé de début janvier à fin mars chaque année.